Bonjour,
En 2010, j’ai été enceinte de notre second enfant. Ma première, Marika, était polyhandicapée, et prise en charge par un IEM. Notre seconde fille devait arriver pendant les vacances scolaires de Pâques. J’ai donc commencé les démarches pour trouver une place en journée pour Marika dans un centre de loisirs de ma commune, pour me décharger un peu durant les vacances de Pâques de 2011 (son IEM étant fermé durant les vacances). Mon premier contact avec la directrice des centres de loisirs de ma commune (Saint-Herblain dans le 44) a eu lieu en décembre. J’ai été épaulée par l’association Handisup qui, dès le départ, m’a averti que ma commune était très réfractaire à l’inclusion des enfants handicapés. Et en effet.
Durant les mois qui ont suivi, j’ai été en relation avec plusieurs centres de loisirs et la direction de l’éducation (service municipal). Autant, les directrices des centres étaient ouvertes, autant la direction de l’éducation a tout fait pour nous dissuader. J’ai fait la visite de 4 centres sur ma commune. Les employés du service de l’éducation sont allées à l’IEM où était Marika, rencontrer les personnes l’accompagnant au quotidien. Durant cette visite, elles ont voulu obtenir des informations médicales sur la cause de son handicap, ce qui a particulièrement choqué les professionnels de l’IEM. Elles nous ont dit, à plusieurs reprises, que cela coûtait de l’argent d’admettre un enfant comme la nôtre dans une structure communale. A chaque visite de centre de loisirs, on nous donnait une nouvelle raison pour ne pas accueillir notre fille: inadapté pour le fauteuil roulant, problème de sécurité, et j’en passe.
A 15 jours des fameuses vacances, après 26 rendez-vous ou entretiens téléphoniques, on m’a donné comme raison que Marika ne pouvait être accueillie car elle n’avait pas de plan d’alimentation individuel. Cela faisait plus de 5 mois que j’avais commencé les démarches. 5 mois où j’expliquais les difficultés d’alimentation de ma fille. J’ai fait le dossier avec certificat médical. Et… la direction de l’éducation refusait le dossier car le certificat médical était illisible.
N’en pouvant plus, face à tant de mauvaise foi, j’ai interpellé une élue. Durant notre rendez-vous, elle a appelé la direction de l’éducation pour comprendre ce qui se passait. En mode haut parleur, j’ai entendu les propos de notre contact, dire de moi, que j’étais une “maman hystérique”. Profondément choquée par ces propos, l’élue nous a aidé à obtenir une place. Marika n’a pu être accueillie que le matin jusqu’à la sieste (le repas de midi était compris), durant 1 semaine.
Ce n’était pas une bataille que nous avons dû mener, mais une guerre contre les services municipaux. Ils ont tout fait pour nous dissuader de mettre notre fille dans un centre communal. Jamais ils n’ont présenté par écrit les “arguments” qu’ils présentaient durant nos entretiens téléphoniques ou nos rendez-vous. Handisup nous a très bien épaulés, rappelant, à chaque fois, les lois qu’ils bafouaient. De toute cette guerre, je retiens les larmes que j’ai versé en entendant des propos ignobles de la part de ces fonctionnaires. J’ai accouché avec plus de 15 jours d’avance. Heureusement sans incidence pour mon bébé. J’étais tellement à cran que c’est le stress qui a précipité la naissance.
L’accueil d’un enfant handicapé en milieu ordinaire, sur la commune de Saint-Herblain, en Loire-Atlantique n’est possible qu’au prix d’un effort inhumain de la part des familles. En 2018, 7 ans après, je n’ai jamais retenté l’aventure. Trop dur. Et d’autres familles de cette commune ne sont pas allées aussi loin que moi. Finalement, la direction de l’éducation a obtenu ce qu’elle voulait, nous dégoûter de demander une place…
Stif – Saint-Herblain